Exposition Larionov

La voie vers l'abstraction

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« J’étais et reste peintre »

Larionov, Autoportrait
Mikhail Larionov, Autoportrait

« J’étais et reste peintre » : cette confession lapidaire se trouve en tête d’une brève déclaration que Mikhail Larionov envoyait en septembre 1948 au critique d’art et écrivain Michel Seuphor. Pour comprendre la charge émotionnelle de ces mots, il faudrait rappeler la déclaration en entier ainsi que le contexte socio-culturel dans lequel Larionov se voyait obligé de rédiger cette page. À l’automne 1948, Seuphor préparait la première grande exposition de l’après-guerre sur les origines de l’art abstrait. Elle devait se tenir en 1949 à la galerie Maeght et était accompagnée d’une importante publication qui tenait lieu de catalogue.

En l’absence des grands créateurs de la première abstraction — Kandinsky, Malewicz, Mondrian, Delaunay — l’histoire de l’art abstrait allait être élaborée à partir de ce moment par des interprètes, autres que les artistes eux-mêmes. La place de Mikhaïl Larionov dans cette mémorable exposition parisienne dut être durement conquise par Seuphor, car l’œuvre et la personne de l’artiste russe étaient tombées dans un tel oubli qu’il semblait possible à certains de ses collègues d’éliminer Larionov purement et simplement du discours historique, tel qu’il était en train de s’écrire à partir de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Pour vaincre les résistances parisiennes — et celle de Sonia Delaunay en particulier — Michel Seuphor organisa rapidement une petite exposition à la « Galerie des Deux-Iles ». Devant l’évidence des œuvres rayonnistes qui y furent exposées en décembre 1948, la place de Larionov dans l’exposition « L’art abstrait : ses origines, ses premiers maîtres » ne put plus être contestée. La lettre d’où nous extrayons la phrase du peintre fut envoyée à Michel Seuphor à cette occasion. Mais, fait remarquable, la suite du texte de Larionov est entièrement dédiée à ses camarades futuristes de Moscou, à Tatlin et Malewicz en particulier. Comment ne pas admirer pareille discrétion, une aussi grande générosité ! Cette générosité de l’âme et du pinceau fut un trait essentiel du caractère de Larionov. Elle constituait son diapason émotionnel, formait la base lyrique de toute sa création et même et avant tout, celle de l’époque héroïque du primitivisme et du rayonnisme. Car l’art de Mikhaïl Larionov, tout en se situant dans la violence de la révolte expressionniste, ne se départit jamais de la chaleur d’un regard intimiste, rêveur.

Extrait du texte d’Andréi Nakov inclut dans le catalogue de l’exposition
« Mikhail Larionov, La voie vers l’abstraction », Francfort, 1987.

 

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